Dimitri PAYET : Sur le terrain comme face à la maladie, on doit tout donner

ADOPTÉ ET ADULÉ PAR LES MARSEILLAIS, À QUI IL PROMET DE JOUER AU SEIN DE L’OM “JUSQU’À LA FIN”, LE CAPITAINE DE LA FORMATION OLYMPIENNE SE DISTINGUE PAR SA VOIX CALME ET RÉFLÉCHIE ET SON HUMILITÉ. AU-DELÀ “DU SIMPLE DON”, IL APPELLE À SOUTENIR LES PROCHES ET AIDANTS, 
TOUS CEUX QUI SE BATTENT POUR ADOUCIR LE QUOTIDIEN DES MALADES

Dimitri Payet, avez-vous conscience d'avoir une voix qui porte et comment la mettez-vous à profit ?

"J'ai mis du temps avant d’intégrer que mon image avait une portée et tout autant de temps à m'en servir, mais avec l'âge et l'évolution de ma carrière, j'essaie d'utiliser ma notoriété à bon escient.  Je choisis des causes qui viennent à moi où c'est moi  qui vais vers elles, tout dépend des aléas de ma vie personnelle.
Comme vous le savez, je suis natif de la Réunion et issu d'une famille très modeste, mes parents travaillaient dur pour que nous ne manquions de rien. Et maintenant, il m'apparaît comme un devoir d'aider les gens qui sont dans le besoin ; nous devons être un exemple, ne jamais oublier d'où l'on vient et tendre la main à qui en a réellement besoin."

J'ai des enfants, donc je peux comprendre  l'image que les footballeurs ont.  Ils sont fans de certains joueurs, je le vois dans leurs yeux. Ils  admirent et essaient d'imiter leurs gestes et leurs paroles

Pour quelles causes militezvous ?

“Les causes sont multiples mais je me sens très proches des causes liées à la pauvreté  et à l'enfance. Je suis papa de 4 enfants et ceci résonne en moi d'une manière très particulière. 
La maladie également me préoccupe, dans mon entourage notamment, j'ai perdu ma grand-mère du cancer et cela m’a beaucoup marqué."

mag11 article01 payet stadeS’engager oui, mais comment ?

“Faire un don, c'est facile, tout le monde peut le faire mais ce qui m'a le plus marqué, dans la lutte contre le cancer par exemple, ce sont les familles touchées, tous ces bénévoles qui aident à
traverser les épreuves et que l'on appelle communément les aidants. A la Réunion, j’ai longtemps été parrain d’une association d'enfants handicapés qui venaient de Maurice ou de Madagascar. Pour les familles, cet éloignement était très douloureux à vivre, alors on oeuvrait pour leur faciliter la vie et soulager leurs difficultés. Selon moi, le plus important c'est d'entourer et d'accompagner, c’est soulager autant que faire se peut les malades et leurs proches, il faut agir sans relâche jusqu'à la guérison, c'est ce qui me semble le plus important."

Vous arrive-t-il d'évoquer ces questions avec les autres joueurs de l'OM ? 

“Je joue au sein de l'Olympique de Marseille depuis 10 ans et j'ai des affinités avec tout le monde ; mon rôle de capitaine fait que je suis celui qui fédère et sert de trait d'union. 
Avec Jordan Amavi, Valentin Rongier et Mattéo Guendouzi ça nous arrive d’en parler. Souvent en fin d’année, au moment des fêtes, on va voir les enfants malades à la Timone et on répond   présent à chaque fois qu’on le peut, c’est toujours avec grand plaisir."

"J’ai fait le meilleur choix de ma carrière en signant à vie dans ce club, dans mon club" 

ENGAGÉ

Un engagement sur le terrain… 

“Le plus dur pour moi, je le reconnais, maintenant, c'est d'aller sur le terrain. Je le ressens quand on va à La Timone, ça me secoue. On a la chance d'avoir des enfants en bonne santé et quand on revient de l'hôpital, on a les pieds bien ancrés sur terre. Je veux apporter mon soutien à tous ceux qui se battent pour guérir. Il m'arrive parfois de penser à Bernard Tapie qui n’a jamais fait mystère de son cancer et en a toujours parlé, il ne s’est jamais caché. Les malades célèbres qui prennent la parole, ça aide les anonymes qui sont dans la même situation. "

Si vous pouviez faire un voeu quel serait-il ?

“Un voeu ? Pfff, je n’aime pas cette idée de formuler un voeu car c’est se faire du mal inutilement ; on n’est pas magicien et on sait que ça ne se réalise pas comme ça… Et puis il y a
tellement de choses à faire, pourquoi se focaliser sur une chose seulement !"

Vous avez été fait chevalier de l'ordre national du Mérite. Qu'avez-vous ressenti, qu’est-ce que cette distinction signifie pour vous ?

“Le petit garçon de Saint Philippe est aujourd'hui décoré ! C'est une immense fierté de faire partie de ce cercle très fermé, ça récompense la détermination, le travail et mes prises de position pour certaines causes. Ma mère était employée de mairie, elle était fonctionnaire, et elle sait donc tout ce que cela veut dire et la portée symbolique de cet honneur. La première chose, il faut se  montrer digne de ce titre, être exemplaire, ça me motive dans ma lutte pour les causes que je choisis. "

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A la Réunion, les malades sont-ils bien pris en charge ? 

“Nous avons à la Réunion des hôpitaux très compétents mais il en va à la Réunion comme en Corse : face à certains cas lourds, il faut envisager des rapatriements vers la métropole. De même qu’il faut parfois quitter sa région isolée pour rejoindre de grands centres mieux lotis en équipements.

Vous avez aujourd'hui 35 ans, vous arrive-t-il parfois de penser à l’après foot ?

“J'ai énormément d'idées et bien sûr je ne pourrai pas tout faire, mais je pense que je me consacrerai plus qu’aujourd’hui à ma famille et je continuerai à graviter dans l’univers du foot. "

Marseille et vous, c’est une histoire qui dure ?

“Ma famille et moi, on ne savait pas trop où on mettait les pieds quand on est arrivé. Mais quand on a joué un certain nombre d’années pour le même club, la ville vous adopte et vous le rend bien. Les Marseillais, ce sont des passionnés et ils veulent qu’on gagne tout le temps ; si on donne tout sur le terrain alors là, ça le fait. J’ai trois garçons et seule ma petite dernière est née à Marseille, c’est la plus marseillaise de nous tous ! J’aime cette ville et je crois que Marseille m’aime…”

"Je veux apporter mon soutien à tous ceux qui se battent pour guérir.”